mercredi 8 février 2012

Henry de Montherlant. Pitié pour les femmes et pitié pour les hommes qui apprécient le livre...

Je vous ai présenté, hier, un livre auquel je tenais : La condition humaine ; un chouchou vous ai-je dit. En voici un deuxième. Pourquoi ce livre de Henry de Montherlant a-t-il marqué ma mémoire de lecteur ? Je ne saurais le dire. J'imagine néanmoins que je l'ai dévoré au moment d'une déception amoureuse car la méchanceté de certains propos m'est restée en tête avec un goût qui n'a rien de désagréable… « Quand j’aurai les 2 pieds dans la tombe, alors enfin je dirai ce que je pense des femmes. Puis je refermerai le couvercle sur moi», a dit Tolstoi. Montherlant s’y est pris autrement, il l’a fait dire par Pierre Costals, son personnage dans la série des 4 tomes des Jeunes filles.


Dans un entretien avec Jean Fayard, il disait : Si j'avais voulu faire un livre contre le mariage, je n'aurai pas mis les attaques contre le mariage dans la bouche d'un personnage aussi peu sympathique qu'est Costals… (Pierre Costa, dans les précédents volumes) Et pourtant ! C’est parfois dur, voire carrément misogyne, mais toujours fin. Et comme il disait lui-même : « Je pardonne tout à quelqu’un, pourvu qu’il ait un peu de finesse ».


" J’ai passé quarante ans à faire des choses qui me coûtaient, et à les faire sans y être forcé. Jeune homme, j’ai pâli sur des codes, avec une très mauvaise mémoire, alors que tout le monde, ma famille et moi, savait que je ne serais avocat que pour la frime, un ou deux ans. Je me suis marié sans amour, sans vue intéressée, et sans goût pour le mariage. J’ai eu des enfants parce que ma femme en voulait: je puis bien vous le dire, Solange [sa fille] n’a pas été la bienvenue. J’ai eu un appartement à Paris, alors que j’aimais la nature et la solitude, mais il “le fallait”. J’ai continué d’aller aux eaux, longtemps après avoir vérifié, année sur année, qu’elles n’avaient sur moi aucun effet. J’ai fait tout cela sans raison, simplement parce qu’on faisait ainsi autour de moi, ou parce qu’on me disait que je devais le faire. Et maintenant je vais mourir, sans savoir pourquoi j’ai mené une vie qui me déplaisait, alors que, à un moment donné, rien ne m’empêchait de m’organiser une vie qui me plût. Est ce que cela n’est pas singulier ? Pas du tout. L’homme se laisse embrigader: c’est la règle. L’homme vit au hasard : c’est la règle..."


Pitié pour les femmes constitue le deuxième volume de la série et c’est celui que je vous conseille fortement. Quelle plume ! Pierre


MONTHERLANT (Henry de). Le Démon du bien. Paris, Bernard Grasset, collection "Pour mon plaisir" IV, 1937.Format in-12. Broché à couverture rempliée rose, 281 pp. Édition originale. Exemplaire numéroté sur alfa N° 588. État parfait. 35 € + port

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Montherlant avait de l'estime pour André Suarès:
Qu'est-ce que la vie sans la grandeur ? Le plus vil esclavage dans les chaines souillées de l'instinct et de l'habitude. Les jours se traînent dans les cachots de la fonction.
frs

Pierre a dit…

Je crois que ce n'est pas avoir un égo hyper-développé que d'espérer un peu de grandeur à sa vie. C'est ce qui nous différencie, à certains égards, des animaux. Il faut donner un sens à sa vie et autant le tirer vers le haut. Merci à Suarès et Montherlant pour ça. Pierre

Anonyme a dit…

Mais qu'est-ce que la grandeur ?

Une petite phrase de Saint-Ex :
" Celui-là qui veille modestement quelques moutons sous les étoiles, s'il prend conscience de son rôle, se découvre plus qu'un serviteur. Il est une sentinelle et chaque sentinelle est responsable de tout l'empire" [Terre des hommes]

Utopie ?

René